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25 ans de recherche sur l’arthrite

L’arthrite est une maladie grave et mal comprise. Pour la plupart des gens, elle évoque l’image d’une personne âgée qui souffre de douleurs et de raideurs. En réalité, il ne s’agit même pas d’une seule maladie. Le mot arthrite désigne plus d’une centaine de maladies qui touchent des personnes de tous les âges et qui se caractérisent par la détérioration des articulations.

Imaginez un instant que vous ayez 19 ans et que vos doigts commencent à vous faire mal. Les douleurs mineures se transforment ensuite en douleurs intenses dans d’autres articulations et une fatigue extrême vous envahit. On vous informe alors que vous êtes atteint de polyarthrite rhumatoïde, et vous devez abandonner vos études ou cesser de travailler. La prise en charge de votre maladie chronique devient un travail à plein temps. Comment allez-vous subvenir à vos besoins si vous ne pouvez pas travailler ou aller à l’école?

Imaginez que votre médecin vous apprenne que vous êtes atteinte d’arthrose. Vous souffrez constamment du genou ou de la hanche, et vous arrêtez de faire de l’exercice. Cela vous expose à des risques de complications graves, telles que les maladies cardiaques. Comment savoir si l’exercice est sans danger? Où pouvez-vous trouver de l’aide?

Imaginez que vous souffrez d’une forme d’arthrite inflammatoire, comme le lupus, et que vous souhaitez avoir des enfants. Quel sera l’impact de vos médicaments sur le développement du bébé? Vous savez que vous devrez changer de médicaments pendant la grossesse et vous craignez une aggravation de vos symptômes. Que pouvez-vous faire?

L’arthrite est souvent considérée comme une maladie qui frappe plus tard dans la vie, mais elle est en fait le plus souvent diagnostiquée lorsque les gens ont entre 30 et 45 ans, lorsqu’ils sont dans la force de l’âge et, pour les femmes, lorsqu’elles sont en âge d’avoir des enfants. L’arthrite est une maladie qui est de plus en plus prévalente. Plus de six millions de Canadiennes et de Canadiens de tous âges vivent avec différentes formes d’arthrite et, d’ici 2040, ce nombre pourrait augmenter de 50 %.

« L’arthrite a un impact profond sur tous les aspects de la vie, sur le travail, les loisirs, le temps passé en famille et même la durée de vie », explique la Dre Diane Lacaille, la directrice scientifique d’Arthrite-recherche Canada. « Au cours des 25 dernières années, nos chercheurs scientifiques ont dirigé des études qui ont permis aux personnes touchées par l’arthrite d’être diagnostiquées plus tôt, de recevoir de meilleurs traitements et de bénéficier d’une meilleure qualité de vie. »

Des réponses grâce à la recherche

Arthrite-recherche Canada a été créé en 1999 par le Dr John Esdaile, un scientifique et un rhumatologue de renommée mondiale, dans le but d’effectuer des recherches pratiques pour aider les personnes atteintes d’arthrite et améliorer leur vie de tous les jours, et pour s’attaquer aux défis posés par les maladies graves et chroniques.

« On me disait à l’époque qu’on ne pouvait pas faire grand-chose pour les personnes atteintes d’arthrite », raconte le Dr Esdaile, qui a dirigé Arthrite-recherche Canada pendant plus de vingt ans en tant que directeur scientifique. « Je me suis dit que je pouvais contribuer à changer les choses. » Le Dr Esdaile a alors créé Arthrite-recherche Canada avec un autre chercheur, le Dr Jacek Kopec, et une stagiaire, la Dre Lacaille, qui lui a succédé au poste de directeur scientifique.

Au cours des 25 dernières années, Arthrite-recherche Canada est devenu le plus grand organisme de recherche clinique sur l’arthrite en Amérique du Nord, avec une équipe de plus de 100 chercheurs, stagiaires et employés répartis dans plusieurs centres en Colombie-Britannique, en Alberta, au Québec et en Nouvelle-Écosse. Les chercheurs sont affiliés à l’Université de la Colombie-Britannique, à l’Université Simon Fraser, à l’Université de Calgary, à l’Université Laval, à l’Université McGill, à l’Université de Montréal et à l’Université Dalhousie, et ils possèdent tous une véritable expertise dans diverses disciplines liées à l’arthrite.

« Aucun domaine n’a connu autant de progrès que celui de l’arthrite au cours des 30 dernières années, et cela est dû à la recherche », déclare le Dr Esdaile. « Je suis fier de l’équipe multidisciplinaire que nous avons constituée au fil des ans. Avec nos patients partenaires, ils ont fait une réelle différence dans la vie des personnes atteintes d’arthrite. »

Un partenariat avec les patients pour des résultats qui changent des vies

Les chercheurs d’Arthrite-recherche Canada mènent des études pour prévenir les complications dévastatrices dues à l’arthrite, comme les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et les caillots sanguins. Ils contribuent à améliorer la santé mentale des patients et créent des outils qui aident les gens à continuer à travailler, à rester actifs, à prendre des décisions éclairées concernant les vaccins, à fonder une famille en toute sécurité et à bénéficier d’un sommeil de qualité, pour ne citer que ces quelques retombées.

Aucune de ces retombées et aucun de ces outils n’existeraient sans les contributions des personnes atteintes d’arthrite elles-mêmes. En 2002, Arthrite-recherche Canada a mis sur pied le Conseil consultatif des patients atteints d’arthrite, un groupe de bénévoles ayant une expérience vécue de l’arthrite qui font bénéficier chaque projet de recherche de leur expérience et de leurs connaissances. Au Québec, le groupe de patients s’appelle Les Patients Intéressés par la Recherche sur l’Arthrite.

« Le point de vue des patients est essentiel à notre travail chez Arthrite-recherche Canada », explique la Dre Lacaille. « Nous voulons que notre recherche débouche sur des ressources utiles et des outils concrets qui aideront les personnes atteintes d’arthrite à mieux vivre aujourd’hui et dans les années à venir. »

Le programme Making it WorkTM est un exemple de ressource issue de la recherche. L’arthrite est une des principales causes d’incapacité de travail au Canada, et elle coûte des milliards de dollars à l’économie chaque année. Pendant près de vingt ans, la Dre Lacaille a étudié les liens qui existent entre l’arthrite et l’emploi. En collaboration avec un groupe d’experts et des personnes atteintes d’arthrite, elle a mis au point le programme Making it WorkTM. Ne pas pouvoir travailler a un impact considérable sur le bien-être financier, social et émotionnel des gens. Le programme se concentre sur l’intervention précoce, afin de prévenir l’incapacité de travail due à l’arthrite et de favoriser une vie professionnelle saine et productive. 

« Changer la vie d’un très grand nombre de gens ne peut se faire que par le biais de la recherche. Lorsqu’il n’y a pas de recherche, il n’y a pas ni progrès ni amélioration pour les personnes atteintes d’arthrite », déclare le Dr Esdaile. « Si les résultats finaux du programme Making it WorkTM sont à la hauteur de nos espérances, nous serons en mesure de réduire l’incapacité de travail des personnes atteintes d’arthrite et nous améliorerons la qualité de vie de toutes les personnes souffrant d’arthrite inflammatoire partout dans le monde. »

Lorsque le besoin se fait sentir, Arthrite-recherche Canada et ses patients partenaires mènent des recherches de pointe pour venir en aide aux personnes les plus vulnérables de la société. Pendant la pandémie de COVID-19, ses scientifiques ont offert des avis d’experts pour assurer la sécurité des personnes atteintes d’arthrite au fur et à mesure que le virus évoluait. Lorsque le ministère de la Santé de la Colombie-Britannique a mis ses données à la disposition d’Arthrite-recherche Canada, ses scientifiques ont pu réagir rapidement en menant certaines des premières recherches sur les complications liées à la COVID-19 et sur l’efficacité et l’innocuité des vaccins, ce qui a permis d’éclairer de nombreuses politiques de santé publique.

Lorsque les provinces canadiennes ont commencé à faire passer les patients des médicaments biologiques d’origine aux biosimilaires, les scientifiques et les patients partenaires d’Arthrite-recherche Canada ont travaillé ensemble pour comprendre l’impact de ce changement. Les résultats de la recherche ont rassuré les personnes atteintes d’arthrite en leur montrant que les biosimilaires sont tout aussi sûrs et efficaces que les médicaments biologiques d’origine.

Les scientifiques d’Arthrite-recherche Canada ont également été les premiers à démontrer que les médicaments biologiques, qui sont au cœur du traitement de l’arthrite inflammatoire – comme la polyarthrite rhumatoïde, la vascularite et le lupus – sont sans danger pour les femmes enceintes.

 « Avant de commencer ma formation, je pensais à tort que l’arthrite ne touchait que les personnes âgées », explique la Dre De Vera, une chercheuse principale chez Arthrite-recherche Canada, et la directrice adjointe de la formation. C’est la Dre De Vera qui a dirigé la recherche sur l’impact des médicaments contre l’arthrite pendant la grossesse. « L’arthrite touche les femmes en âge d’avoir des enfants, et c’est un domaine de recherche qui n’est pas assez exploré. Les répercussions se font sentir sur les femmes, les bébés et les partenaires. Il s’agit de décisions importantes dans la vie. »

Arthrite-recherche Canada a également été le premier organisme à établir un lien entre certains aliments et la goutte. La Dre Natalie McCormick, une stagiaire de recherche chez Arthrite-recherche Canada et une boursière postdoctorale à Harvard, a constaté que le café diminuait le risque de goutte. En revanche, les boissons sucrées, l’alcool, la viande et les fruits de mer augmentaient le risque. Ses recherches ont également montré qu’un régime alimentaire méditerranéen ou de type DASH pouvait réduire le risque de développer cette forme d’arthrite.

L’arthrose de la hanche est une des maladies articulaires les plus courantes. Elle serait responsable de plus de 75 % des remplacements de la hanche au Canada. La Dre Jolanda Cibere, une chercheuse principale chez Arthrite-recherche Canada, et son équipe ont découvert qu’une cause fréquente de l’arthrose de la hanche est une masse osseuse anatomique qui endommage le cartilage. En nous concentrant sur les causes des douleurs aux hanches, nous avons l’occasion de perfectionner les traitements, de réduire les opérations coûteuses de remplacement de la hanche, et d’améliorer la qualité de vie des Canadiennes et des Canadiens qui sont susceptibles de souffrir de cette maladie chronique.

« L’objectif ultime de la recherche est de trouver un remède, mais il est important qu’en attendant, nous fassions également des recherches pour améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d’arthrite, jusqu’à ce qu’il y ait un remède. » 

 

– Charlotte Ryder-Burbidge, une personne atteinte de polyarthrite rhumatoïde 

« L’arthrite n’est pas juste quelque chose avec lequel il faut apprendre à vivre. La recherche change l’avenir de l’arthrite. Elle offre aux gens des solutions pour les aider à triompher de la maladie et leur donne plus d’espoir que jamais auparavant. »

 

– Trish Silvester-Lee, une femme vivant avec l’arthrose

« Les patients doivent être impliqués dans la recherche parce qu’ils peuvent faire partie de la solution. Ils peuvent partager leur expérience vécue. Je pense que c’est très important pour les chercheurs et les prestataires de soins. »

 

– Chris Pudlak, un homme atteint de spondylarthrite ankylosante

« La recherche menée par Arthrite-recherche Canada sur la COVID-19 illustre le rôle important que jouent les patients dans la recherche sur l’arthrite, et elle montre comment, lorsque les patients et les chercheurs travaillent ensemble, beaucoup de choses peuvent être accomplies
en peu de
temps. »

 

– Marie-Claude Beaulieu, une personne atteinte de polyarthrite rhumatoïde

Des réussites qui sont sources d’espoir pour des millions de personnes

Le partenariat entre Arthrite-recherche Canada et les patients va bien au-delà de la recherche. En 2019, Spencer O’Brien, une snowboardeuse d’Équipe Canada, est devenue la porte-parole de l’organisme.

Spencer a appris qu’elle était atteinte de polyarthrite rhumatoïde quelques mois avant de participer aux Jeux olympiques de Sotchi, en 2014. À l’époque, la jeune femme de 25 ans était une des meilleures snowboardeuses au monde. Elle craignait que sa carrière ne soit terminée.

« Lorsqu’on m’a annoncé le diagnostic, je ne pensais pas que je pourrais continuer à être une snowboardeuse professionnelle, mais je suis redevenue une des meilleures au monde », raconte Mme O’Brien. « Je ne pense pas que je ferais ce que je fais aujourd’hui sans la recherche sur l’arthrite. Ce sont l’engagement envers la recherche et l’amélioration des traitements qui me permettent de vivre cette vie. »

En tant que porte-parole d’Arthrite-recherche Canada, Mme O’Brien espère que son histoire dissipera le mythe selon lequel seules les personnes âgées souffrent d’arthrite, et qu’elle permettra aux personnes atteintes d’arthrite de savoir que, grâce à la recherche sur l’arthrite, elles peuvent trouver des réponses et obtenir l’aide dont elles ont besoin pour se remettre sur pied et bénéficier d’une excellente qualité de vie.

« Le rôle d’Arthrite-recherche Canada est de transformer l’avenir de personnes comme Spencer. Nous devons faire encore plus. Nous devons essayer de trouver un remède. Nous devons insister sur la prévention. Et seule la recherche nous permettra d’y parvenir », explique le Dr Esdaile.

Des bases solides pour la recherche à venir

La meilleure façon de continuer à trouver des réponses pour les millions de Canadiennes et de Canadiens, comme Mme O’Brien, qui sont atteints d’arthrite, est d’aider de nouveaux chercheurs à faire carrière. C’est pourquoi Arthrite-recherche Canada a toujours donné la priorité à la formation de la prochaine génération de chercheurs.

« La recherche que font nos stagiaires est la recherche que nous faisons. Il n’y a pas de distinction », déclare la Dre De Vera. « Les stagiaires aident à faire avancer la recherche chez Arthrite-recherche Canada. Ils recueillent des données, les analysent, rédigent des articles et présentent les résultats. »

Aujourd’hui, chez Arthrite-recherche Canada, plus de 40 stagiaires travaillent dans différentes disciplines partout au pays pour aider les personnes souffrant de différentes formes d’arthrite.

 « Nous ne pouvons peut-être pas guérir l’arthrite maintenant, mais nous pouvons certainement faire une énorme différence », déclare la Dre Lacaille. « Le travail de nos chercheurs scientifiques et de nos stagiaires est crucial. »

Lorsqu’Arthrite-recherche Canada a vu le jour, les personnes qui souffraient de polyarthrite rhumatoïde vivaient en moyenne 20 ans de moins que les personnes en bonne santé. Grâce à la recherche, la différence a été ramenée à 3 mois.

« Arthrite-recherche Canada a accompli beaucoup au cours des 25 dernières années, mais il reste encore beaucoup à faire », souligne la Dre Lacaille. « Nous allons continuer à chercher des réponses et à concevoir des programmes pour aider les personnes atteintes d’arthrite à bien vivre pendant de nombreuses années. »

Vous voulez revenir sur les grandes étapes de l’histoire d’Arthrite-recherche Canada et découvrir les dernières recherches?

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