Souffrir d’arthrose quand on est jeune, ce n’est pas génial!
Selon un rapport de l’Institut canadien d’information sur la santé, plus de 100 000 chirurgies de remplacement de la hanche et du genou sont effectuées chaque année au Canada. La plupart des personnes qui en bénéficient ont plus de 65 ans et souffrent d’arthrose. En fait, 69 % des personnes ayant subi une arthroplastie de la hanche et 99 % des personnes ayant subi une arthroplastie du genou souffraient de ce type d’arthrite avant d’être opérées.
Contrairement à la croyance populaire, l’arthrose n’est pas une conséquence naturelle du vieillissement. C’est une maladie dégénérative des articulations caractérisée par la dégradation du cartilage. Elle devient si fréquente qu’on estime que 12 millions de Canadiennes et de Canadiens en seront atteints d’ici 2040. Et cette maladie ne touche pas seulement les personnes âgées.
Kohle Merry a appris qu’il souffrait d’arthrose en 2019, alors qu’il n’avait que 27 ans. Trois ans plus tard, il a subi une arthroplastie complète de la hanche.
« Croire que seules les personnes âgées doivent se faire opérer est un mythe. Quel que soit votre âge, l’arthrose use et détruit l’articulation jusqu’à la réduire à presque rien », déclare Kohle. « Cette maladie peut toucher tout le monde. »

Le physique et le mental constituent un tout
Avant le diagnostic, Kohle était un athlète et un coureur de marathon. Il lui a fallu du temps pour accepter sa nouvelle réalité. Avant son opération, il faisait de son mieux pour gérer ses douleurs chroniques et devait constamment analyser les avantages et les inconvénients des activités auxquelles il voulait participer.
« J’avais des poussées après avoir passé l’aspirateur et j’avais souvent mal pendant des jours », raconte Kohle. « Je devais toujours réfléchir aux conséquences de certains mouvements. »
L’arthrose et le fait de vivre soudainement avec des douleurs n’ont pas de conséquences que sur le plan physique.
« J’étais quelqu’un de très actif, et j’ai eu beaucoup de mal à me faire à l’idée que je vivais désormais avec un handicap », souligne Kohle. « Cela faisait beaucoup de choses à assimiler à mon âge, et je pensais souvent aux conséquences que cela pourrait avoir sur mon avenir ».
Kohle a dû redéfinir qui il était, et il a dû relever de nombreux défis sur le plan mental.
« On ne peut pas se voiler la face trop longtemps », explique-t-il. « J’ai dû apprendre à gérer la maladie, accepter qu’elle m’accompagnerait toute ma vie, et analyser l’impact qu’elle aurait sur mon entourage et sur ma carrière. »
Une opération qui a remis les pendules à l’heure
Avant de se faire remplacer la hanche, Kohle a participé à des séances de physiothérapie et il a subi une intervention chirurgicale moins invasive, une arthroscopie de la hanche, pour nettoyer l’articulation et évaluer les dommages. Il n’a pas pu mettre de poids sur sa jambe pendant six semaines et il a dû s’astreindre à des mois de rééducation quotidienne. L’articulation ne fonctionnait plus exactement comme avant, mais la douleur chronique, elle, avait disparu.
Kohle a alors décidé de se faire remplacer la hanche et il s’estime chanceux d’avoir pu être opéré dans un délai relativement court. L’opération ne règle pas tout pour toujours, mais Kohle est content de pouvoir être actif aujourd’hui.
« Je peux faire entre 90 et 95 % de ce que je pouvais faire avant le diagnostic », dit-il. « Je ressens parfois une douleur intense après une randonnée ou une longue marche, mais la douleur qui existait avant à chaque pas a disparu. »
Kohle s’adonne aujourd’hui à moins de sports d’impact. Il se concentre plutôt sur des exercices de renforcement musculaire à faible impact.
« Grâce à l’opération, j’ai toujours l’impression d’être quelqu’un d’actif; c’est juste différent maintenant. »
Des inconnues et des questions sans réponse
Kohle s’est toujours demandé pourquoi l’arthrose lui était tombée dessus, surtout à son âge.
« Je n’ai jamais reçu de réponse définitive. Certains chirurgiens pensent qu’il s’agit d’une nécrose avasculaire, une affection qui survient lorsque l’apport sanguin au tissu osseux est interrompu et qui entraîne la mort de l’os », explique-t-il. « C’est frustrant. La cause n’est pas toujours aussi évidente qu’on voudrait ».
Kohle a toutefois appris qu’il souffrait d’un conflit fémoro-acétabulaire, un ensemble d’anomalies osseuses dans l’articulation de la hanche qui causent un contact anormal lors des mouvements. Il s’agit d’une source fréquente de douleurs à la hanche chez les jeunes adultes et les adultes d’âge moyen.
Les chercheurs scientifiques d’Arthrite-recherche Canada étudient les causes des douleurs aux hanches, en particulier le conflit fémoro-acétabulaire, afin de mieux comprendre l’origine de ces douleurs. Ils cherchent également à déterminer si certaines activités physiques aggravent la situation, endommagent davantage les articulations et favorisent le développement de l’arthrose.
Si l’étude révèle que le conflit fémoro-acétabulaire et certaines activités physiques sont des facteurs de risque d’arthrose, les professionnels de la santé pourront se concentrer sur la prévention de la maladie et réexaminer la nécessité de procéder à des chirurgies coûteuses de remplacement de la hanche.
La participation à la recherche
Kohle est aujourd’hui membre du Conseil consultatif des patients atteints d’arthrite d’Arthrite-recherche Canada et il partage son expérience pour contribuer à trouver des réponses pour les autres personnes qui souffrent d’arthrite. En tant qu’ingénieur titulaire d’un doctorat en sciences de la réadaptation, il apporte une perspective unique.
« Dans le cadre de mon doctorat, j’ai travaillé avec des personnes qui avaient subi des blessures à la cheville, et je comprends vraiment pourquoi il est important de tenir compte du point de vue des patients dans la recherche », indique-t-il. « La recherche ne se résume pas à trouver des solutions pour faire progresser la science, elle doit aussi considérer l’impact de ces solutions sur les patients. »
Pour Kohle, participer à la recherche en tant que patient partenaire est un moyen de redonner quelque chose à la communauté des personnes atteintes d’arthrite.
« Les gens pensent que les jeunes ne souffrent pas d’arthrite. La vérité est tout autre, et j’ai pensé que j’avais un bon point de vue à partager. »