L’aspect mental de l’arthrite : les défis et les stratégies

Par Eileen Davidson
Je souffre de polyarthrite rhumatoïde depuis dix ans. Ces dix dernières années ont été difficiles et semées d’embûches, tant sur le plan physique que sur le plan émotionnel. Cette maladie auto-immune chronique touche principalement mes articulations et cause des douleurs, des gonflements et des raideurs. J’en ressens l’impact sur le plan physique, mais la maladie affecte aussi considérablement ma santé mentale.

Des antécédents de dépression et d’anxiété

Mes troubles de santé mentale se sont manifestés bien avant la polyarthrite rhumatoïde. À 17 ans, des médecins ont déterminé que je souffrais de dépression clinique. C’était au début des années 2000 et, à l’époque, les préjugés et les idées fausses qui entouraient la santé mentale étaient nombreux, tant autour de moi que dans les services de santé. Je n’ai pas reçu suffisamment de soutien et j’ai souffert en silence parce que j’avais honte.

Puis, à 26 ans, j’ai eu un fils, et la dépression post-partum m’a obligée à demander de l’aide à mon médecin de famille. Deux ans plus tard, j’étais une mère célibataire avec un enfant en bas âge, et j’ai alors appris que j’étais atteinte de polyarthrite rhumatoïde. C’est à partir de ce moment-là que j’ai dû lutter sur deux fronts pour protéger ma santé émotionnelle et ma santé physique.

J’ai découvert depuis que j’étais loin d’être la seule à avoir souffert de problèmes de santé mentale avant d’être atteinte d’arthrite. C’est en fait quelque chose d’assez courant.

L’histoire de la poule et de l’œuf avec l’arthrite et la santé mentale

Des chercheurs d’Arthrite-recherche Canada ont découvert que les personnes atteintes d’arthrite inflammatoire sont beaucoup plus susceptibles de souffrir également de dépression et d’anxiété, en particulier au moment du diagnostic et au cours des cinq années qui suivent. Elles sont également plus susceptibles de consulter des prestataires de soins pour gérer leurs troubles de santé mentale, en particulier au cours de l’année qui précède et de l’année qui suit le diagnostic. Malheureusement, ces personnes ne reçoivent souvent pas le traitement dont elles ont besoin pour gérer ces problèmes.

Les chercheurs ont notamment constaté que 41 % des personnes qui souffrent d’arthrite inflammatoire et de dépression ne reçoivent pas de soins de santé mentale adéquats, que ce soit sous forme de médicaments ou de traitement psychologique. 47 % des personnes qui souffrent d’arthrite inflammatoire et d’anxiété sont dans la même situation.

« En dépit des risques notables de dépression et d’anxiété liés à l’arthrite inflammatoire, le diagnostic et le traitement de ces troubles psychiatriques sont encore mal compris, et ces recherches n’en sont donc que plus importantes », explique la Dre Alyssa Howren, une boursière postdoctorale à l’université Stanford, et la personne qui mené cette étude alors qu’elle était stagiaire de recherche chez Arthrite-recherche Canada.

Au total, l’étude a révélé que 6 951 personnes atteintes d’arthrite inflammatoire avaient déjà souffert de dépression et que 3 701 personnes avaient déjà souffert d’anxiété. En évaluant différents types de soins, les chercheurs ont constaté que 51 % des personnes atteintes d’arthrite inflammatoire et de dépression avaient reçu une pharmacothérapie adéquate sous forme d’antidépresseurs. Ils ont aussi constaté que 20 % de ces personnes avaient reçu un traitement psychologique adéquat. Les résultats étaient similaires pour les personnes qui souffraient d’anxiété.

Le lien entre l’arthrite et la santé mentale : pourquoi est-ce une question importante?

Reconnaître que les personnes atteintes d’arthrite inflammatoire courent un risque plus élevé de dépression et d’anxiété, en particulier au moment du diagnostic, pourrait permettre aux cliniciens d’offrir un soutien et des interventions en santé mentale en temps opportun, améliorant ainsi la qualité de vie des personnes concernées.

Pour les patients, prendre conscience du lien qui existe entre l’arthrite et la santé mentale pourrait les encourager à prendre en charge leurs troubles de santé mentale et à communiquer ouvertement avec leurs prestataires de soins.

Même si l’étude d’Arthrite-recherche Canada a révélé que l’utilisation des services de santé mentale par les personnes atteintes d’arthrite inflammatoire était similaire à celle de la population en général, il est important de noter que les personnes atteintes d’arthrite inflammatoire, comme la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrite ankylosante et l’arthrite psoriasique, sont exposées à d’autres complications lorsque leurs troubles de santé mentale ne sont pas traités. La dépression peut, par exemple, repousser à plus tard les périodes de rémission et augmenter les risques de décès et d’hospitalisation.

Les défis de santé mentale qui accompagnent l’arthrite

Les douleurs chroniques et la fatigue ont eu de graves répercussions sur mon bien-être mental. Parfois, la frustration et un sentiment d’impuissance prennent le dessus à cause des douleurs et de l’épuisement.

La gestion d’une maladie chronique comme la polyarthrite rhumatoïde engendre également un stress supplémentaire. Jongler avec les rendez-vous médicaux, les médicaments et une incertitude constante finit par m’épuiser.

Je m’inquiète de l’évolution de ma maladie et des conséquences qu’elle pourrait avoir sur mon avenir. Je me sens coupable lorsque je déçois mes amis parce que mon arthrite m’empêche de participer à certaines activités, et j’ai l’impression d’être un fardeau lorsque j’ai besoin d’une aide supplémentaire pour accomplir certaines tâches.

Ces problèmes de santé mentale rendent la gestion de la polyarthrite rhumatoïde encore plus difficile et ils affectent ma motivation, ma confiance et ma qualité de vie en général.

Trouver un soutien adéquat en matière de santé mentale peut coûter cher

De nombreux Canadiens atteints d’arthrite n’ont malheureusement pas accès aux services de soutien en santé mentale dont ils ont besoin. Lorsque j’ai reçu mon diagnostic, un soutien m’a été offert par l’entremise d’une travailleuse sociale dans une clinique locale. Cependant, plus je vis avec l’arthrite, plus l’aide semble difficile et coûteuse à obtenir.

Il en va de même à l’échelle du Canada. Selon des données publiées en 2022, « plus de cinq millions de Canadiens (18 %) âgés de 15 ans et plus répondaient aux critères diagnostiques d’un trouble de l’humeur, d’un trouble anxieux ou d’un trouble lié à l’abus d’alcool ou de drogues ». Parmi eux, plus d’une personne sur trois (36,6 %) a déclaré que ses besoins en matière de santé et de santé mentale n’étaient pas satisfaits ou n’étaient que partiellement satisfaits.

Si le diagnostic initial m’a poussée à me replier sur moi-même et à voir tout en noir, m’occuper de ma santé mentale m’a aidée à remonter la pente. La réalité n’en demeure pas moins que la polyarthrite rhumatoïde est une maladie chronique et que la vie avec l’arthrite est compliquée. Le sentiment de perte, le chagrin, la colère, le stress et la frustration sont des compagnons de tous les instants. Ma maladie évolue et elle a un impact constant sur ma vie.

Comme le souligne l’étude ci-dessus, il est essentiel que les services de santé mentale soient plus faciles d’accès au Canada.

« Il faudrait élargir la portée des systèmes de soins de santé publics pour y inclure les services des professionnels de la santé mentale, tels que les psychologues et les conseillers agréés, même si cela reste une tâche ardue », souligne la Dre Howren. « Nous devons trouver des solutions pour faciliter l’accès aux soins de santé mentale, surtout pour les patients en rhumatologie. »

La Dre Howren suggère plusieurs idées, telles que l’auto-prise en charge assistée, les groupes de soutien par les pairs et les programmes spécifiques de gestion de l’arthrite inflammatoire, et elle donne comme exemple la thérapie cognitivo-comportementale en ligne. Cette dernière propose des exercices en mode autonome qui remettent en question les schémas de pensée peu constructifs et qui aident les utilisateurs à penser différemment. Il a été démontré que ce genre de thérapie réduisait les symptômes de la dépression et de l’anxiété au bout de trois mois.

Quelques conseils pour mieux gérer sa santé mentale quand on souffre d’arthrite

Over the years, I have learned that it’s important to address both the physical and emotional aspects of rheumatoid arthritis. Here are some resources and tools that work for me:

Éducation et sensibilisation :

  • Comprendre sa santé mentale : comprendre l’anxiété et la dépression pourrait vous aider à mieux les gérer et à identifier les facteurs déclencheurs, un peu comme vivre avec une maladie auto-immune.
  • Rester informé : tenez-vous au courant de la recherche et des nouveaux traitements contre l’arthrite, l’anxiété et la dépression.

Soutien, thérapie et services de conseil :

  • Consulter un professionnel de la santé mentale : les psychiatres, les psychologues, les travailleurs sociaux et les conseillers offrent des soins spécialisés.
  • Accéder aux ressources communautaires : les organismes locaux de santé mentale offrent un soutien et des ressources utiles, y compris des ressources en ligne.
  • La thérapie cognitivo-comportementale : cette thérapie permet d’identifier et de modifier les schémas de pensée et les comportements négatifs. Cette thérapie m’est très utile lorsque j’ai l’impression d’être en chute libre.
  • La thérapie d’acceptation et d’engagement : cette thérapie nous encourage à accepter nos pensées et nos émotions et nous aide à nous concentrer sur une vie fondée sur des valeurs.
  • La thérapie par la parole : cette thérapie offre un espace sûr pour parler de ses sentiments et élaborer des stratégies d’ajustement.
  • Se joindre à un groupe de soutien : partager ses expériences avec des gens qui comprennent la situation peut être à la fois réconfortant et gratifiant. Je gère un groupe de soutien pour des personnes qui souffrent d’arthrite, et je comprends à quel point les groupes de soutien peuvent être bénéfiques pour toutes les personnes concernées.
  • Resserrer les liens avec des êtres chers : passer du temps avec sa famille et ses amis peut apporter un soutien émotionnel.

Gestion du stress :

  • Gérer son temps : organisez votre temps pour diminuer votre stress et augmenter votre productivité.
  • Limiter les facteurs de stress : identifier et minimiser les sources de stress peut être bénéfique pour la santé mentale et la prise en charge de l’arthrite.
  • Se fixer des objectifs réalistes : décomposez ce que vous devez faire en tâches faciles à gérer pour éviter de vous sentir débordé.

Mode de vie :

  • Un exercice régulier : l’activité physique permet de réduire les douleurs et les raideurs liées à l’arthrite, d’améliorer le fonctionnement des articulations, de faire du bien au moral et de diminuer l’anxiété.
  • Une alimentation saine : une alimentation équilibrée et riche en aliments anti-inflammatoires pourrait vous aider à gérer les symptômes de l’arthrite et avoir un impact positif sur votre santé mentale.
  • Un sommeil adéquat : un sommeil suffisant et réparateur est crucial pour améliorer la santé mentale et mieux gérer les symptômes de l’arthrite. Lorsque je ne dors pas bien, je ne me sens pas bien.

Techniques de pleine conscience et de relaxation :

  • La méditation de pleine conscience : elle permet de réduire le stress et de mieux gérer la douleur chez les patients atteints d’arthrite en favorisant la relaxation et un état d’esprit positif.
  • Les exercices de respiration profonde et la relaxation musculaire progressive : ces techniques sont utiles pour soulager l’anxiété et les douleurs liées à l’arthrite, car elles réduisent la tension musculaire et favorisent la relaxation.
  • Tenir un journal : écrire ses pensées et ses sentiments permet de maîtriser ses émotions.
  • Les activités créatives : tournez-vous vers l’art, la musique ou d’autres activités créatives pour vous exprimer pleinement.
  • Les passe-temps : participez à des activités qui vous permettent de vous sentir bien et qui vous procurent un sentiment d’accomplissement.
  • L’auto-compassion : traitez-vous avec gentillesse et reconnaissez vos efforts.
J’ai appris que j’étais atteinte d’arthrite à 29 ans, mais l’arthrite peut frapper n’importe quand. Plus de six millions de Canadiennes et de Canadiens vivent actuellement avec une forme d’arthrite ou une autre, et ils courent un risque accru de souffrir d’anxiété et de dépression. Je continue à traverser des hauts et des bas à cause de cette maladie qui va m’accompagner toute ma vie, et ce n’est pas toujours facile. Mais n’oubliez pas qu’il suffit parfois d’un simple coup de téléphone pour obtenir de l’aide!

Si vous ou quelqu’un que vous connaissez devez composer avec l'arthrite et des problèmes de santé mentale, et si vous êtes en situation de crise, composez le 9-8-8 de n'importe où au Canada pour obtenir une aide immédiate.

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