L’arthrite, la grossesse et l’innocuité des médicaments : une entrevue avec Vienna Cheng
Plus de 40 stagiaires en recherche travaillent chez Arthrite-recherche Canada. Nous croyons qu’en aidant de jeunes chercheurs et de jeunes chercheuses à poursuivre leur carrière, nous continuerons à trouver des réponses pour les millions de Canadiennes et de Canadiens qui vivent avec l’arthrite.
Sous le mentorat d’éminents spécialistes, ces stagiaires effectuent des recherches dans de nombreux domaines, de la rhumatologie à la physiothérapie, en passant, entre autres, par les sciences pharmaceutiques et l’économie de la santé.
« Les recherches menées par nos stagiaires sont les mêmes que celles que nous menons. On ne fait pas de distinction », déclare la Dre Mary De Vera, une chercheuse scientifique principale chez Arthrite-recherche Canada et la directrice adjointe de la formation. « En fait, les stagiaires sont le moteur de la recherche chez nous. Ils recueillent les données, les analysent, rédigent des articles et présentent les résultats. »
Au cours de l’année à venir, nous dresserons le profil de ces chercheurs et de ces chercheuses à l’avenir prometteur, et nous vous présenterons ce sur quoi ils travaillent. Nous commençons avec Vienna Cheng, une pharmacienne qui termine sa maîtrise à la Faculté des sciences pharmaceutiques de l’Université de la Colombie-Britannique.

Parlez-nous un peu de vous!
J’ai obtenu mon diplôme en pharmacie à l’université de la Colombie-Britannique. Je suis actuellement en deuxième année de maîtrise à la Faculté des sciences pharmaceutiques de l’Université de la Colombie-Britannique, sous la supervision de la Dre De Vera. J’étudie les effets des médicaments contre l’arthrite sur la grossesse.
Comment vous êtes-vous impliquée dans la recherche sur l’arthrite?
Je travaille dans plusieurs pharmacies et, tout comme j’ai pu le faire au cours de mes stages pratiques, j’interagis souvent avec des personnes qui souffrent d’arthrite, et nous parlons donc de leurs médicaments. La plupart du temps, une grande incertitude accompagne le début d’une grossesse. Découvrir qu’il n’existe que peu de données sur l’innocuité de tel ou tel médicament contre l’arthrite, pour soi et pour son bébé, est une source de stress dont les femmes enceintes se passeraient bien. Je suis contente de pouvoir effectuer des recherches qui combinent mes connaissances cliniques et mes compétences en matière de recherche. Mon objectif est de recueillir des données qui permettront de déterminer si oui ou non les nouvelles classes de médicaments contre l’arthrite peuvent être utilisées en toute sécurité pendant la grossesse.
Sur quoi vos recherches actuelles portent-elles? Sur quoi travaillez-vous?
J’utilise des données administratives sur la santé, recueillies sur l’ensemble de la population de la Colombie-Britannique, pour déterminer si les antirhumatismaux modificateurs de la maladie synthétiques ciblés, une nouvelle classe de médicaments contre l’arthrite, peuvent être utilisés en toute sécurité pendant la grossesse. Les femmes enceintes sont rarement incluses dans les essais de médicaments, principalement pour des raisons éthiques. L’analyse de données réelles nous permettra d’évaluer les résultats obtenus chez les femmes qui ont pris ces médicaments pendant leur grossesse. Nous recueillerons ainsi des renseignements précieux sur les effets potentiels de ces médicaments sur les mères et les bébés.
Que comptez-vous accomplir avec cette étude?
À l’heure actuelle, le manque de données sur les effets des médicaments contre l’arthrite pris au cours de la grossesse fait qu’il est difficile de choisir le traitement approprié pendant cette période. J’espère que mes recherches contribueront à combler ce manque d’information. J’espère également qu’elles faciliteront l’élaboration de recommandations cliniques qui permettront aux médecins et aux femmes enceintes de prendre des décisions éclairées en matière de traitement.
Les décisions relatives aux médicaments que les femmes peuvent prendre pendant leur grossesse sont prises au cas par cas par les femmes et leur médecin. Nos résultats préliminaires suggèrent que la plupart des femmes arrêtent de prendre des antirhumatismaux modificateurs de la maladie synthétiques ciblés lorsqu’elles apprennent qu’elles sont enceintes. Ce comportement pourrait mettre en évidence cette crainte due au manque de données sur l’impact de ces médicaments sur les mères et les bébés. Les femmes atteintes d’arthrite devraient parler à leur médecin avant de tomber enceintes, afin de garantir le meilleur résultat possible pour la mère et le bébé.
Pourquoi la recherche sur l’arthrite est-elle importante pour vous?
De nombreuses personnes estiment que l’arthrite est une maladie de personnes âgées, mais la maladie touche bien plus de gens que ça. L’arthrite a un impact aussi bien sur la vie quotidienne des jeunes que sur celle des moins jeunes. En tant que pharmacienne, je rencontre des personnes atteintes d’arthrite de tous les âges et je constate comment leur façon de prendre en charge leur maladie leur permet de conserver leur qualité de vie et d’atteindre leurs objectifs.
Je suis ravie de pouvoir utiliser mes compétences et mon expérience pour mener des recherches qui contribueront à une meilleure compréhension des effets de certains médicaments contre l’arthrite. J’espère que mes recherches rassureront les femmes atteintes d’arthrite qui envisagent de tomber enceintes et qu’elles les aideront à se sentir mieux préparées.
Faire partie d’Arthrite-recherche Canada, qu’est-ce que cela signifie pour vous?
Faire partie de la communauté d’Arthrite-recherche Canada me permet d’enrichir mes recherches et mon apprentissage de bien des façons. Je me sens privilégiée de pouvoir collaborer avec des spécialistes de premier plan, des stagiaires et des patients partenaires d’horizons divers. Ils apportent tous et toutes leur expertise unique et ont un véritable impact au sein de la communauté des personnes atteintes d’arthrite.
Sur quoi espérez-vous travailler prochainement? Que comptez-vous faire à l’avenir?
Dans le cadre de mes recherches doctorales, j’espère pouvoir étudier les impacts à plus long terme des médicaments biologiques sur les mères et les bébés. J’aimerais en particulier comprendre les effets à long terme des médicaments contre l’arthrite sur les jeunes enfants, et voir s’il y a des différences de résultats entre les mères qui ont continué à prendre des médicaments biologiques pendant la grossesse et celles qui ont interrompu leur traitement. Je suis impatiente de poursuivre mes recherches et de voir ce que l’avenir nous réserve!