Le bulletin de l'arthrite
Été 2018Gonflement du genou, obésité et premiers signes d'arthrose
Par Trish Silvester-Lee and Sheila Kerr
L’arthrose est la forme d’arthrite la plus fréquente : elle touche un Canadien sur huit, soit plus de 4,6 millions de personnes.
On l’a décrite comme une maladie dégénérative entraînant l’usure du cartilage articulaire. Les dernières recherches montrent que l’arthrose est plutôt une maladie inflammatoire de faible intensité de l’ensemble de l’articulation, et pas seulement du cartilage.
La Dre Jolanda Cibere, scientifique principale et rhumatologue à Arthrite-recherche Canada, a mené une étude auprès d’un groupe de personnes âgées de 40 à 79 ans qui souffraient de douleur ou de gêne dans l’articulation du genou. Ces personnes ont été choisies au hasard pour participer à une étude intitulée Vancouver Longitudinal Study of Early Knee Osteoarthritis (VALSEKO). Avec cette étude, la Dre Cibere espère en apprendre davantage sur l’arthrose précoce, avant que les dommages articulaires soient visibles sur une radiographie.
Les recherches de la Dre Cibere ont révélé que parmi ces participants à l’étude qui se plaignaient de douleur au genou :
- 38 % souffraient d’une arthrose qui pouvait être observée sur une radiographie
- 49 % souffraient d’une pré-arthrose visible uniquement par IRM (leur radiographie était normale)
- 13 % n’avaient pas d’arthrose (les radiographies et les examens IRM étaient normaux)
Il est intéressant de souligner combien de personnes souffraient de gonflement du genou. Les examens IRM montrent que 55 % des personnes avaient des genoux gonflés et que 14 % souffraient d’un gonflement modéré ou grave. Le gonflement du genou résulte de l’inflammation de faible intensité de la paroi interne de l’articulation (la synovite).
Chez les personnes dont les genoux n’étaient pas gonflés au début de l’étude, l’obésité (par rapport à un poids normal) multipliait par 3 le risque d’être atteint de gonflement du genou et d’une inflammation de faible intensité après 3 ans. Pour les personnes qui souffraient de gonflement du genou au début de l’étude, l’obésité multipliait par trois le risque d’aggravation du gonflement après trois ans. Ce n’était pas le cas pour les personnes en surpoids. 16 % des participants à l’étude souffraient d’obésité.
L’obésité est un facteur de risque connu dans l’apparition et la progression de l’arthrose. Elle agit par le biais de deux mécanismes :
- la charge mécanique (les forces externes) sur l’articulation
- l’inflammation de l’articulation (qui se traduit par le gonflement du genou).
On se sert généralement de radiographies pour diagnostiquer et évaluer l’alignement de l’articulation du genou, l’espace articulaire et les anomalies osseuses. Un rétrécissement de l’espace entre les os du genou, qui sont normalement recouverts de cartilage, peut indiquer la présence d’arthrose et nous renseigner sur sa gravité. Les excroissances osseuses (les ostéophytes) présentes dans les articulations sont également un signe d’arthrose. L’IRM produit des images en trois dimensions des organes, des tissus mous et des os. Elle est particulièrement utile pour voir l’état du cartilage, des tendons, des ligaments, des muscles et des parties gonflées. L’IRM est un outil utilisé uniquement pour la recherche à l’heure actuelle. Elle ne sert pas à diagnostiquer l’arthrose en pratique clinique. Dans cette étude, les mesures proviennent des radiographies, des examens physiques, des questionnaires et des examens IRM. Les mêmes tests ont été refaits après 3 ans et après 7 ans.
En plus des renseignements recueillis sur le gonflement du genou, les recherches de la Dre Cibere menées auprès de ces personnes souffrant de douleurs au genou ont révélé que les signes d’arthrose, y compris l’arthrose précoce (avant qu’elle soit visible sur une radiographie), augmentaient avec l’âge et les activités sportives régulières, et chez les personnes qui marchaient en boitant ou ne pouvaient pas déplier complètement leur genou.
L’accent mis par la Dre Cibere sur les premiers stades de la maladie et la relation avec le gonflement et l’inflammation nous aident à mieux comprendre l’arthrose. D’autres recherches sont nécessaires pour indiquer comment nous pouvons ralentir ou prévenir l’arthrose. Gérer son poids tout au long de sa vie est un élément important de l’auto-prise en charge. La participation à nos activités préférées, notre mobilité et notre indépendance à mesure que nous vieillissons pourraient en dépendre!
Ressources :
L’indice de masse corporelle (IMC), une mesure de la masse corporelle qui dépend de la taille et du poids, est un outil qui permet de dépister l’obésité. Cherchez un calculateur de l’indice de masse corporelle sur Internet pour connaître votre IMC.
Classifications de l’IMC :
- Un IMC inférieur à 25 est considéré comme normal
- Un IMC compris entre 25 et 29,9 est un signe de surpoids
- Un IMC supérieur à 30 est un signe d’obésité