fbpx

En forme malgré l’arthrite : les exercices de renforcement musculaire

À une certaine époque, Lisa Harris ressentait des douleurs si intenses qu’elle ne pouvait pas sortir de son lit pour aller chercher ses enfants à l’école. Il a fallu plusieurs années avant qu’elle reçoive un diagnostic officiel pour des symptômes qui avaient commencé juste après la naissance de sa fille.

« Le processus a été long avant qu’on puisse déterminer que j’étais atteinte de polyarthrite rhumatoïde », déclare Mme Harris. « Au départ, il n’y avait pas assez d’indices pour en arriver à un diagnostic clair, et j’ai dû vivre longtemps dans la douleur. »

De nombreuses personnes ne savent pas que l’arthrite est une maladie qui peut faire son apparition lorsqu’on est dans la vingtaine ou la trentaine. En réalité, les formes graves d’arthrite auto-immune, comme la polyarthrite rhumatoïde, frappent souvent les femmes en âge d’avoir des enfants et interfèrent avec leur vie quotidienne.

Pour Mme Harris, l’arthrite a eu des répercussions importantes sur sa capacité à faire de l’exercice et sur ses interactions avec ses deux jeunes enfants.

Même corps, nouvelles règles

« Avant l’apparition des symptômes, j’étais très active. Mes séances d’exercices étaient très intenses, je courais et je faisais beaucoup de planche à neige », dit-elle. « Je ne suis plus aussi motivée qu’avant. J’adorais faire de l’exercice et j’aimais les sensations qu’il procurait. Aujourd’hui, me pousser de la sorte ne ferait que déclencher une crise.»

En tant que physiothérapeute de formation, Mme Harris s’est tournée vers l’entraînement musculaire en raison de ses nombreux avantages, comme l’atténuation de la douleur, de la fatigue et de l’enflure, le ralentissement de la détérioration musculaire et la diminution du risque de complications graves, telles que les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et le diabète.

« Je me suis mise à faire des exercices de renforcement musculaire parce que je savais que cela contribuait à garder le corps en santé », souligne Mme Harris. « Mes articulations se sentaient mieux soutenues lorsque mes muscles étaient plus forts. »

Mme Harris s’inquiétait cependant de ne pas savoir quand elle poussait son corps trop loin. Moins de 14 % des personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde font des exercices de musculation réguliers. Plusieurs d’entre elles indiquent que la crainte de lésions articulaires les fait hésiter.

« Je n’avais aucune crainte concernant la musculation en général, car je savais que c’était bon pour la santé », explique Mme Harris. « J’étais plus préoccupée par les limites que je devais respecter dans mes séances d’entraînement. Quel était le niveau d’exercice qui risquait de déclencher une crise? L’entraînement musculaire pouvait-il faire durer les crises plus longtemps? Est-ce que je courais plus de risques en termes d’inflammation et de dommages articulaires? »

 

Plus de ressources sont nécessaires

Mme Harris s’est assurée de consulter son médecin et son physiothérapeute avant de commencer son programme d’entraînement musculaire, mais quand elle a cherché des ressources et des directives en matière de musculation spécifiquement destinées aux personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde, elle n’en a trouvé pratiquement aucune.

« Nous savons que l’entraînement musculaire offre de nombreux avantages, mais que peu de personnes atteintes d’arthrite s’y adonnent régulièrement », explique la Dre Jasmin Ma, qui est professeure adjointe à l’Université de la Colombie-Britannique, kinésiologue et clinicienne-chercheuse chez Arthrite-recherche Canada. « Nous nous efforçons donc de trouver des solutions adaptées pour aider les personnes atteintes d’arthrite à suivre un programme régulier de musculation. »

Le projet de recherche de la Dre Ma s’appelle I START. L’équipe chargée du projet a résumé les recherches existantes, s’est entretenue avec des patients et des facilitateurs, et a recensé près de 50 obstacles à l’entraînement musculaire que devaient affronter les personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde.

« La douleur et la fatigue font qu’il est vraiment difficile de s’entraîner régulièrement », souligne la Dre Ma. « Les effets secondaires des médicaments, comme le brouillard cérébral, perturbent les gens qui ne se souviennent alors parfois plus de leurs programmes d’exercices. » Les obstacles ne se limitent pas à ce que peuvent faire ou ne pas faire les personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde. De nombreux professionnels de la santé et du conditionnement physique ne savent pas non plus comment apporter un soutien approprié en matière d’entraînement musculaire aux personnes atteintes d’arthrite. »

 

Aplanir les obstacles

En plus de vouloir mieux comprendre les difficultés que rencontrent les personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde en matière d’entraînement musculaire, l’équipe de la Dre Ma, qui est composée d’experts de la santé et de patients partenaires, dont Lisa Harris, est en train d’élaborer un ensemble d’outils propre à l’entraînement musculaire unique en son genre.

« À notre connaissance, cette trousse à outils est la première en son genre : elle vise à prescrire aux personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde un programme de renforcement musculaire adapté », explique la Dre Ma. « Ce qui est unique ici, c’est que nous ne parlons pas seulement de ce que nous prescrivons, mais de comment nous le prescrivons : nous voulons que les personnes concernées perçoivent l’entraînement musculaire comme quelque chose qui va plus loin qu’un simple programme d’exercices, mais plutôt comme un comportement à vie que nous appuyons. »

Bien que cette étude se soit concentrée sur la polyarthrite rhumatoïde, la trousse à outils I START peut aider les personnes atteintes de toutes les formes d’arthrite. Mme Harris la considère comme une ressource essentielle pour améliorer la qualité de vie de toutes les personnes vivant avec une maladie rhumatismale.

« Il est très important de disposer d’un outil comme celui-ci, que les personnes atteintes d’arthrite peuvent apporter en toute confiance dans un studio de Pilates, de yoga ou de fitness, pour que les professionnels du conditionnement physique offrent à ces personnes des services adaptés et veillent à ce qu’elles ne se blessent pas ou ne soient pas victimes de poussées », indique Mme Harris.

La Dre Ma souligne que l’élaboration d’un programme d’entraînement musculaire doit se faire en partenariat entre la personne concernée et un professionnel du conditionnement physique, et que la boîte à outils I START fait partie de la solution. Elle explique également que le renforcement musculaire, même à haute intensité, ne présente aucun danger pour les personnes atteintes d’arthrite lorsqu’il est prescrit de manière appropriée.

« Je conseille à tous ceux et à toutes celles qui se sentent intimidés à l’idée de se lancer dans un programme d’entraînement musculaire de commencer tout doucement, un pas à la fois, car chaque petit pas que vous faites aujourd’hui est un progrès par rapport à ce que vous faisiez hier, si vous ne faisiez rien », indique Mme Harris. 

 

Vous voulez vous lancer dans un programme d’entraînement musculaire? Vous cherchez des idées?

Share This

Share This

Share this post with your friends!